Le Commerce du Bois

Des marchands de bois allemands condamnés pour des importations illégales en provenance du Myanmar

Actualité 12.05.2021

Fin avril 2021, le tribunal de Hambourg a conclu qu’une entreprise allemande de négoce n’avait pas respecté la décision de l’UE concernant les importations de bois en provenance du Myanmar.

Entre 2008 et 2011, WOB et Bührich ont importé plusieurs fois du teck en provenance du Myanmar, alors que l'UE avait ordonné un boycott commercial avec les pays d'Asie du Sud-Est en raison de la répression sanglante des militaires.

Le gérant de l’entreprise allemande de négoce ainsi que plusieurs de ses collaborateurs ont été condamnés en raison d'importations illégales de bois de teck provenant du Myanmar. Plus de 3,3 millions d’euros de transactions commerciales vont être gelés, et le directeur général de cette entreprise a été condamné à 21 mois de prison avec sursis et à une amende de 200 000 euros.

Le teck du Myanmar est considéré comme le teck le plus haut de gamme. Il est utilisé notamment  dans la construction de yachts. Mais le teck du Myanmar est particulièrement sujet à caution : sa surexploitation et son commerce illégal financent la junte militaire.

Des enquêtes diligentées par l’EIA ont démontré que le bois était transformé à Taïwan et déclaré comme originaire de Taïwan plutôt que du Myanmar. De plus, l’entreprise allemande avait recours à un intermédiaire en Croatie pour contourner l’application.

La reconnaissance de cette infraction par la justice et la condamnation de l’entreprise sont des étapes importantes dans la lutte contre le bois illégal. Outre le fait qu’il constitue une concurrence déloyale pour les entreprises engagées dans le commerce responsable et la gestion durable des forêts, en particulier les entreprises certifiées, le bois illégal est un facteur de déforestation.

Cliquez ici pour accéder à la liste des membres détenteurs d'une attestation de conformité à la diligence raisonnée de LCB.
 
Rappelons que les importations de bois en provenance du Myanmar sont toujours prohibées par l’Union Européenne, celle-ci estimant qu’il n’y a actuellement pas de mesures d’atténuations des risques suffisamment robustes pour conclure à un risque négligeable pour une mise sur le marché des bois issus de ce pays. L’embargo a été réaffirmé ces derniers mois alors que les manifestations au Myanmar sont victimes d’une violente répression militaire.

Pour mémoire, en écho aux préoccupations exprimées par les ONG, LCB a souhaité dès 2005 formaliser les engagements de ses membres vis-à-vis de la gestion durable des forêts, en élaborant une charte environnementale de l'achat et de la vente responsables de bois. Une mise à jour de cette Charte, avec une portée que nous espérons internationale, est engagée afin d’intégrer de nouveaux enjeux en lien notamment avec les objectifs du développement durables de l’ONU


En 2019 déjà, L’ETTF (European Timber Trade Federation) dont LCB est membre avait confié à l’ONG NEPCon (renommée Prefered By Nature) une étude basée sur un audit documentaire et de terrain afin de vérifier les mesures mises en œuvre au Myanmar par l’administration ainsi que le Myanmar Forest Certification Committee (MFCC) pour répondre aux exigences des marchés consommateurs tels que l’UE. Les conclusions de cette étude n’ont pas modifié la position de la Commission Européenne.

Un rapport de l’ONG Environmental Investigation Agency (EIA) avait également pointé du doigt en mai 2020 plusieurs importateurs belges, italien, allemand, néerlandais et slovène ayant traditionnellement importé cette essence et qui, pour ne pas s’exposer aux autorités compétentes de leurs pays respectifs, s’approvisionnaient auprès d’un fournisseur unique en Croatie.
 

Pour plus d’information, contactez Alessandra Négri : a.negri@lecommercedubois.fr

 
crédit photo : meumundo via canva.com

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