Le Commerce du Bois

La Commission Carbone & Biodiversité de l'ATIBT a publié sa 10e veille

Actualité 09.02.2024

La Commission Carbone & Biodiversité de l'ATIBT a publié fin janvier sa 10e veille. L’objectif général de cette commission carbone est de renforcer le lien, aujourd’hui encore faible, entre les opérateurs forestiers et les marchés du carbone, mais aussi, plus récemment, sur les questions relatives à la biodiversité. En voici les grands titres : une COP28 en demi-teinte pour le carbone et les forêts; le lancement de Plan Vivo de son standard biodiversité; de nouveaux rebondissements sur les marchés du carbone; les méthodologies forêt-bois de Verra : en constante évolution et la première transaction générée par l’Article 6, malgré les blocages. 

IMAGEO – ATIBT 2022

 

1. Une COP28 en demi-teinte pour le carbone et les forêts

La COP28 qui s'est tenue à Dubaï en décembre 2023 a généré des résultats mitigés. Bien que des avancées aient été réalisées, notamment un accord pour une transition hors des énergies fossiles et la création d'un fonds pour les dommages causés par le changement climatique, les discussions sur l'article 6, qui encadre les marchés du carbone, n'ont pas abouti. Les points de désaccord portaient sur la transparence des marchés du carbone et l'intégrité des mécanismes. Pour le secteur forestier, la question de l'inclusion des projets d'absorption de carbone, tels que les plantations d'arbres, a suscité des débats, tout comme celle des projets de "conservation améliorée". Certains pays ont plaidé pour une approche axée sur la réduction des émissions et de l'absorption. La filière forêt-bois a connu quelques annonces, dont l'engagement de 17 pays à augmenter l'utilisation du bois dans la construction d'ici 2030. Cependant, le secteur forestier, en particulier les forêts tropicales du Bassin du Congo, était peu représenté à la COP28. La nécessité d'un lobbying pour promouvoir la gestion durable des forêts tropicales en tant que moyen de lutter contre la déforestation, préserver la biodiversité et favoriser le développement a été soulignée, avec un accent particulier sur le rôle crucial du Bassin du Congo en tant que dernier grand poumon terrestre et réservoir de biodiversité de la planète.

 

2. Plan Vivo lance son standard biodiversité

La fondation Plan Vivo a lancé le 7 décembre 2023 son nouveau standard biodiversité, PV Nature, dans le contexte préoccupant de la perte généralisée de biodiversité. Avec plus de 25 ans d'expérience dans la certification de projets basés sur la nature, Plan Vivo vise à générer des certificats biodiversité de haute intégrité pour favoriser des résultats positifs pour la nature, le climat et les communautés locales. Le nouveau certificat se distingue par son alignement sur des principes tels que la participation communautaire, le partage équitable des bénéfices et la transparence. Contrairement aux certificats de compensation carbone, PV Nature incite les propriétaires fonciers et les communautés à conserver et restaurer des écosystèmes cruciaux. Plan Vivo espère ainsi contribuer au futur marché des certificats biodiversité et répondre au besoin de financement estimé entre 598 et 824 milliards de dollars par an pour la Nature. Le lancement de PV Nature s'inscrit dans la stratégie de la COP28 visant à développer des initiatives en faveur de la biodiversité.

 

3. De nouveaux rebondissements sur les marchés du carbone

En 2023, le marché volontaire du carbone a été secoué par des controverses, en particulier autour des crédits Verra, remis en question pour leur légitimité par The Guardian en janvier. Cette fois, une nouvelle polémique vise les crédits émis par les méthodologies VMR0006 et Gold Standard pour les foyers de cuisson améliorés, accusées de surestimer les bénéfices climatiques de 1000 %, selon une étude de l'université de Berkeley. Les crédits distribués auraient été surévalués en raison de l'utilisation simultanée des foyers traditionnels et améliorés. Verra et Gold Standard ont répondu en indiquant des mises à jour de leurs méthodologies. Cependant, des critiques ont émergé sur l'intégrité de l'étude, soulignant l'importance de financer des alternatives aux combustibles polluants. Ces controverses risquent de compromettre la confiance des consommateurs envers les crédits carbones, soulignant la nécessité d'une gouvernance renforcée et d'une transparence accrue dans le marché volontaire pour attirer des financements cruciaux pour l'environnement.

 

4. Les méthodologies forêt-bois de Verra : en constante évolution

Verra, principal standard carbone mondial, a répondu aux critiques en révisant plusieurs de ses méthodologies pour renforcer la transparence. La méthodologie VM0048, publiée en novembre 2023, concerne les projets REDD+ et vise à corriger les critiques antérieures en collaborant avec les gouvernements nationaux pour établir des lignes de base dérivées des lignes de base REDD juridictionnelles. Une autre révision, VMR0009, étend la méthodologie AM0057 pour inclure les déchets de bois dans la production de pâte à papier, de carton, de fibres ou de bio-huile, favorisant ainsi des projets contribuant à résoudre les problèmes liés aux déchets tout en agissant sur le climat. De plus, une consultation publique est en cours pour la VM0045 afin de distinguer les réductions et les suppressions d'émissions dans les projets de gestion forestière améliorée. Ces révisions témoignent des efforts de Verra pour renforcer la robustesse de ses méthodologies face aux critiques.

 

5. Malgré les blocages, l’Article 6 génère une première transaction

En décembre 2023, la Thaïlande et la Suisse ont effectué la première transaction d'ITMOs (Internationally Transferred Mitigation Outcome, - résultats d’atténuation transféré à l’international) en vertu de l'Article 6 de l'Accord de Paris. 

Conclu dans le cadre d'un accord bilatéral, la Suisse a financé un programme d'électrification de 2000 bus à Bangkok. Après vérifications, 1916 ITMOs ont été achetés par la Fondation Kilk, retirant ces réductions d'émissions de la comptabilité carbone de la Thaïlande et les intégrant à celle de la Suisse. Cette transaction est considérée comme un signal positif, bien que des questions subsistent quant à la rapidité des transferts malgré des points clés non résolus dans le mécanisme de l'Article 6.

 

6. Actualité des membres

Enfin, la veille revient comme toujours sur les actualités de ses membres. Le WWF France publie la Lettre Forêts Vivantes n°13, mettant en avant le programme CIBEL visant la préservation de la biodiversité en Afrique. Precious Wood lance le projet REDD+ "The Amazônidas REDD+ AUDD Grouped Project" au Brésil. L'OBC (Organization for Biodiversity Certificates) s'est réunie pour lancer l'initiative et discuter des mécanismes de certificats en lien avec la biodiversité. Une nouvelle méthode, l'e-ADN, est employée par SPYGEN et TEREA au Gabon pour évaluer l'impact de la certification FSC sur la biodiversité. Nature+ et African Parks Network ont terminé l'inventaire faunique de la concession INTHEROLCO AG’s au Congo. Le projet CAAPP-Faune, visant un suivi de la faune en Afrique centrale, a été lancé par Nature+ avec des partenaires tels que Gembloux Agro-Bio Tech et Cornell University.

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