Le Commerce du Bois

L'ADEME publie une étude proposant des scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050

Actualité 13.05.2022

Le rapport de l'ADEME intitulé "Transition(s) 2050" publié fin mars 2022, propose quatre voies, chacune dotée de sa propre cohérence, qui permettraient à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. L’objectif de cet exercice est de construire des « profils » de scénarios présentant une cohérence interne, d'illustrer le champ des options possibles à long terme pour atteindre une neutralité carbone, en explorer les diverses implications et, éclairer les décisions incontournables à court terme. Cette étude, disponible ci-dessous, comprend un passage spécifique sur l’économie forestière (p.292 à 315).

Fruit de deux ans de travaux inédits menés par une centaine de collaborateurs de l'ADEME ayant des échanges réguliers avec un comité scientifique, cette étude dévoile donc 4 scénarios, imaginés pour la France métropolitaine, qu'ils intitulent :

  • S1 : "Génération Frugale",
  • S2 : "Coopérations territoriales",
  • S3 : "Technologies vertes",
  • S4 : "Pari réparateur".

Pour chaque scénario, l’ADEME a construit un récit cohérent, décliné dans chaque secteur économique et social, au travers de variables structurantes ; ces récits ont ensuite été transformés en hypothèses quantitatives dans des modèles existants ou créés pour l’occasion ; plusieurs itérations successives ont été nécessaires pour vérifier, croiser et affiner ces quantifications.

Ce travail a mis en lumière les interdépendances entre les secteurs et permet de conférer à chaque scénario une structure solide et cohérente. Par ailleurs, il intègre des avancées analytiques dans des domaines jusque-là peu ou mal étudiés dans les prospectives climat. Par exemple, l’évaluation et la disponibilité de la biomasse, l’évaluation des puits biologiques et technologiques de CO² ou encore l’évolution de la production industrielle induite par celles de la consommation.
La description des scénarios couvre les secteurs du bâtiment, de la mobilité des voyageurs et du transport de marchandises, de l’alimentation, de l’agriculture, des forêts, de l’industrie, des déchets et des services énergétiques (fossiles, bioénergies, gaz, hydrogène, chaleur et élec-tricité).

Les paramètres étudiés couvrent notamment :

  • la demande en énergies ;
  • la consommation d’eau d’irrigation, de matériaux de construction, d’intrants agricoles et l’usage des sols ;
  • la production et la gestion de déchets ;
  • la production d’énergies et la composi-tion du bouquet énergétique ;
  • les importations et exportations ;
  • le bilan des gaz à effet de serre et les puits biologiques et technologiques de CO².

L'économie forestière est abordé dans le cadre d'un chapitre sur l'évolution du système productif. Il est notamment expliqué que la forêt rend de multiples services écosystémiques, dont un puits de carbone et une source de matières renouvelables : en France, les stratégies nationales bas carbone et pour la biodiversité, le Programme national de la forêt et du bois et la loi de transition énergétique pour la croissance verte structurent les objectifs de développement des usages du bois et les orientations du secteur forestier, essentiels à la transition écologique et à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.

La forêt et les filières bois contribuent à l’atténuation climatique par trois leviers essentiels :
1. un rôle de réservoir du fait du stockage du carbone dans la végétation (biomasse vivante et bois mort) et les sols (litière et carbone organique des sols) des forêts, ainsi que dans les produits bois ;
2. un rôle de puits si les stocks de carbone dans le réservoir forestier augmentent ; ce qui permet de retirer du CO2 de l’atmosphère ;
3.un rôle de réduction des émissions d’origine fossile grâce à l’utilisation du bois en substitution d’autres matériaux (acier, ciment, etc.) ou énergies (char-bon, pétrole, gaz, etc.), davantage consommateurs ou émetteurs de carbone fossile.

4 scénarios forêts de cet exercice prospectifs sont ressortis :

De façon générale, dans la construction de ces scénarios forêts, l'ADEME a souhaité montrer différentes stratégies de gestion forestière durables mais contrastées, en changeant notamment le taux de prélèvements de bois, tout en restant toujours en deçà de l’accroissement biologique des forêts. Les scénarios conduisent donc à une disponibilité variable en bois pour la filière bois matériaux et énergie, mais aussi à une forte variabilité du puits forestier. Pour cela, l'ADEME s'est basée notamment sur les résultats de l’étude INRAE/IGN publiée en 2020 qui modélise trois scénarios de gestion qui ont servi de base pour la construction des quatre scénarios de l'exercice.

Scénario 1 : augmentation du puits de carbone forestier en maintenant la récolte de bois. (Le scénario 1 s’appuie sur le scénario « extensif » de l’étude INRAE/IGN 2020. Il vise à maintenir le volume global de récolte de bois constant en valeur absolue autour de 52 Mm3/an sur toute la période. Le taux de prélèvements sur l’accroissement est d’environ 55 % en 2050.)

Scénario 2 : un puits de carbone forestier maintenu avec une continuité des pratiques sylvicoles (Le scénario 2 est basé sur le scénario « Dynamiques Territoriales » de l’étude INRAE/IGN 2020).

Scénario 3 : l’augmentation des prélèvements réduit le puits de carbone forestier (Le scénario 3 est basé sur le scénario « Intensification » sans plan de reboisement de l’étude INRAE/IGN qui, avec climat aggravé, passe d’un taux de prélèvement de 59 % aujourd’hui à environ 80 % en 2050 avec un volume de récolte de bois de 70 Mm3/an.)

Scénario 4 : un plan de transformation pour une forêt plus productive réduit fortement le puits de carbone forestier à court terme (Le scénario 4 est basé sur le scénario « Intensification » de l’étude INRAE/IGN, intégrant en plus de la dynamisation de la sylviculture un plan de reboise-ment avec des essences productives en remplace-ment des forêts existantes moins productives (+ 500 000 ha répartis sur les dix premières années) avec climat aggravé. Le taux de prélèvement atteint environ 82 % en 2050 en passant par un maximum de 95 % en 2030 (lié aux coupes des peuplements en place pour le reboisement). Le volume de récolte de bois serait de 71 Mm3 en 2050 avec un pic à 75 Mm3/an en 2028.)

Lire le rapport "Transition(s) 2050" de l'ADEME

 

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