Le Commerce du Bois

L’activité bâtiment se maintient en 2022

Actualité 16.06.2022

La Fédération Nationale du Bâtiment (FFB) fait état d'une activité soutenue en 2022 mais les Assises du BTP annoncées par Bruno Le Maire sont très attendues pour aborder les différents sujets de préocupation : crise des matériaux toujours d'actualité, craintes sur l'activité 2023, nécessité d'accompagnement du secteur... LCB vous partage le communiqué de la FFB sur le sujet.

 

 

Malgré les difficultés d’approvisionnement et de recrutement qui restent prégnantes, les remontées des artisans et entrepreneurs du secteur font état d’une activité toujours dynamique sur le début 2022. 

Une activité toujours soutenue

Il est constaté un maintien des carnets de commandes à un niveau élevé de plus de sept mois à la fin mars.

Par ailleurs, les entreprises résistent pour l’heure. Alors que le remboursement des PGE a commencé, le nombre de défaillances sur les quatre premiers mois de 2022, bien qu’il se redresse, s’avère encore 40 % inférieur à celui relevé sur les quatre premiers mois de 2019, soit avant la crise sanitaire.

En conséquence, l’emploi continue de progresser dans le secteur, de plus de 8 000 postes sur le premier trimestre 2022. Depuis le premier confinement du printemps 2020, le secteur n’a jamais cessé de créer de l’emploi et affiche 86 600 postes de plus, soit une hausse de près de 7 %, près de deux points de pourcentage de plus que l’ensemble de l’économie. Cela explique pour partie les difficultés de recrutement, toujours particulièrement fortes dans le bâtiment. Malgré cela, les perspectives d’embauches à l’horizon de l’été restent assez bien orientées.

Une crise des matériaux toujours présente

Dans un contexte actuel toujours difficile, la crise des matériaux ne s’achève pas. Selon l’ I.N.S.E.E (Institut national de la statistique et des études économiques), entre novembre 2021, début de la crise de l’énergie, et avril 2022, les prix des aciers pour la construction et des demi-produits en aluminium ont encore progressé de 27 %, ceux des tuiles de 20 %, ceux des produits PVC de 16 %, ceux des produits céramiques de 12 %, ceux des demi-produits en cuivre des produits verriers ou plastiques de près de 10 %, etc. Globalement, malgré une quasi-stabilité du coût horaire du travail et sous l’effet d’une progression moyenne de 6 % du coût des matériaux mis en œuvre, l’index BT01 calculé par l’Insee, qui résume l’ensemble des coûts d’une entreprise moyenne du bâtiment, s’affiche à +3 % sur les trois premiers mois de 2022, après plus de +5 % sur l’ensemble de 2021.

Les hausses qui se succèdent depuis la fin 2020 fragilisent les entreprises de bâtiment. De fait, au premier trimestre 2022, une claire dégradation de la marge opérationnelle de la construction a été observée. Ce constat confirme que la solidarité de filière appelée de ses vœux par la FFB depuis deux ans doit impérativement devenir réalité, à la fois par de la tempérance sur les prix des matériaux et par l’insertion systématique de clauses de variations de prix.

Des craintes sur l’activité en 2023

Le marché de l’amélioration-entretien, représentant environ 54 % du chiffre d’affaires du bâtiment, a connu une légère accélération en ce début d’année. L’activité est en progression de 1,4 % en volume par rapport au premier trimestre 2021, après +1,1 % au trimestre précédent. Toutefois, la suite de l’année devrait encore bénéficier de la dynamique de MaPrimeRénov’, qui ne se dément pas, avec 207 000 primes accordées sur les quatre premiers mois de 2022, soit +19 % sur un an. Il est toutefois bon de signaler que la dégradation du marché des CEE et l’instabilité de l’aide ralentissent l’activité.

Le non résidentiel neuf constitue la bonne nouvelle du moment. En glissement annuel sur quatre mois à fin avril 2022, les surfaces commencées et autorisées s’y redressent de 26 % et 12 %. Pour autant, ces évolutions positives maintiennent encore le segment bien en-deçà des niveaux d’avant-crise sanitaire.

En revanche, l’inquiétude se renforce sur le logement neuf à moyen terme. Plusieurs acteurs –dont la FFB– ont déjà signalé à de nombreuses reprises sa très probable chute à l’horizon de la fin 2022. Les chiffres récents confirment ce risque, notamment avec la fin du choc positif créé par l’anticipation de la RE2020 en maison individuelle. De fait, sur ce segment, les permis abandonnent 8 % en avril 2022 par rapport à avril 2021, en droite ligne de l’effondrement des ventes constaté depuis le début de l’année. Les mises en chantier suivront dans les prochains mois. Quant au collectif, les ventes de logements continuent de plonger et la situation ne s’améliore que transitoirement du côté des permis, sous l’effet de l’anticipation de la RE2020 là encore.

La nécessité d’accompagner ce secteur porteur pour l’économie

Il est encore possible de redresser la barre et assurer la visibilité nécessaire au secteur. C’est d’ailleurs indispensable puisque le bâtiment s’avère aujourd’hui l’un des rares secteurs à tirer l’économie et, plus encore, l’emploi pérenne en France, tout en répondant à des réels besoins.

Dans un contexte de bouleversement économique mondial, il est devenu nécessaire de protéger cet atout maitre, d’autant qu’on ne réussira pas l’indispensable transition écologique sans artisans et entreprises de bâtiment présents sur tout le territoire.

Les Assises du BTP annoncées par Bruno Le Maire et souhaitées rapidement après les législatives tombent donc à point nommé. Elles permettront d’aborder tous les sujets de préoccupations évoqués précédemment.

Il faudra revenir sur la solidarité de filière, y compris à son amont (industriels et distributeurs), et sur l’indexation des prix des marchés, modalités de financement comprises. Le sujet de l’accompagnement de la trésorerie des entreprises sera aussi abordé, avec des questions tournant autour de l’allongement du remboursement des PGE, des avances sur marché, etc.

Il conviendra encore de réfléchir au financement de la RE2020 et à l’indexation des aides (PTZ, MaPrimeRénov’, CEE, …) dans un contexte à nouveau inflationniste. Ce contexte renforce d’ailleurs la demande de FFB concernant la mise en place d’un mécanisme d’amortissement généralisé en faveur du l’investissement locatif privé en lieu et place des dispositifs fiscaux dérogatoires.

La FFB portera également sa demande de tempérance législative et règlementaire pour éviter l’accumulation trop rapide des surcoûts associés, mais non financés (RE2020, ZAN, REP, suppression de l’accès au GNR, conséquence de la SFEC…). Elle militera pour une simplification tous azimuts permettant de gagner en fluidité et de lever les blocages dans la construction neuve, d’abord en généralisant effectivement la dématérialisation du dépôt et de l’instruction des permis, mais aussi en étudiant sérieusement la piste azimuts du permis déclaratif ou en encadrant les processus dilatoires de pré-instruction des permis, etc.

La question de la transition écologique et digitale devra aussi être abordée afin de bien mesurer ce qu’elle implique dans la transformation du secteur en termes de marchés, d’emploi, de formation, de structures d’entreprise et d’organisation de la filière à l’horizon 2050.

Ces Assises constituent donc bien un chantier de début de quinquennat. Il doit permettre de mieux répondre aux menaces immédiates qui pèsent sur le bâtiment, mais aussi, dans un monde qui connaît de grands bouleversements, de préparer l’avenir du secteur au service de nos concitoyens et de notre économie.

Accéder à la présentation de la conférence de presse FFB du 14 juin 2022

Retrouvez la note de conjoncture de la FFB à début juin 2022

 

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